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Pourquoi des patrons choisissent-ils de consacrer de l’argent, du temps et de l’énergie à des organisations patronales ?C’est la question à laquelle le Centre d’études de l’emploi et du travail du CNAM a tenté de répondre dans une récente publication « Connaissance de l’emploi » sur la base d’une enquête réalisée auprès de chefs d’entreprise engagés dans des collectifs patronaux.

En s’appuyant sur une enquête ethnographique, ce numéro propose d’exposer la composition des organisations patronales et la diversité des profils des dirigeants qui y circulent.

En général, les travaux consacrés aux organisations patronales distinguent cinq catégories de groupements patronaux selon leurs formes et principaux objectifs :

  • les « structures syndicales » qui correspondent aux syndicats interprofessionnels et professionnels d’employeurs ;
  • les « institutions légales » qui correspondent aux chambres consulaires (de commerce et d’industrie, de l’artisanat, de l’agriculture) ;
  • les « représentations spécialisées » indépendantes des structures légales, regroupant les entreprises d’un même secteur (par exemple les hautes technologies) ou encore d’une même taille (comme les très grandes entreprises) ou poursuivant un objectif commun (par exemple faire des affaires entre soi) ;
  • les « think tanks », collectifs actifs à différents niveaux (infranational, national et international), qui défendent des intérêts collectifs auprès de différentes autorités ;
  • et enfin les « clubs à la sociabilité bourgeoise » (Offerlé, 2009) qui comprennent d’une part des groupes réservés aux chefs d’entreprise et d’autre part des collectifs rassemblant, plus largement, des individus occupant des positions notables et dominantes par leurs activités.

Au-delà de leurs différences (territoires, métiers, masse salariale, revenus…), tous utilisent le même vocable pour parler de leurs métiers et de leurs positions : « patron ». Ce point commun a permis à la présente étude de mieux comprendre les façons dont ils peuvent investir et s’investir dans des collectifs patronaux et surtout a conduit à distinguer cinq principaux motifs d’adhésion des chefs d’entreprise, quels que soient leurs profils.

« Ne s’en sortent que ceux qui sortent » : sortir de la solitude patronale

Les chefs d’entreprise interrogés ont ainsi expliqué que, souvent, diriger une entreprise crée une forme de solitude professionnelle, les « empêchant de partager les difficultés rencontrées et pouvant aussi avoir des incidences sur leurs vies intimes. »

Ainsi, l’adhésion à des groupements patronaux apparaît comme une bulle d’air pour des chefs d’entreprise.

Se divertir et faire des rencontres

L’étude montre que les relations amicales sont favorisées par des rencontres régulières dépassant souvent le cadre des événements patronaux pour se prolonger dans la sphère privée.

Apprendre et/ou se former à être dirigeant

Apprenant « sur le tas » à diriger en étant toujours « la tête dans le guidon », les adhésions et/ou participations patronales peuvent ainsi être guidées par des besoins de formation.

En effet, l’adhésion à des organisations patronales permet bien souvent d’avoir accès à des informations et formations permettant de mieux anticiper les problématiques des chefs d’entreprise qu’elles soient sociales, juridiques, patrimoniales, ou de formation professionnelle…

Faire des affaires, faire du réseau

L’étude montre que nombre de chefs d’entreprise s’engagent dans des collectifs patronaux pour entrer en relation avec de potentiels clients, partenaires ou encore fournisseurs.

« En effet, occuper une place dans un collectif patronal peut aussi permettre, lorsque les règlements limitent la présence d’une seule entreprise par secteur d’activité, d’empêcher des concurrents d’y être et ainsi éviter de « perdre » ou de « ne pas gagner » des marchés.« 

S’engager au nom des chefs d’entreprise : obtenir et occuper des mandats patronaux

« Obtenir un mandat patronal dote les chefs d’entreprise d’une ressource symbolique : être un représentant patronal. » Cela revient pour nombre de chefs d’entreprise à représenter les patrons, et défendre ainsi les intérêts partagés.

Le coût de l’adhésion : un frein par manque de connaissance

L’étude souligne à plusieurs reprises le « coût » de l’adhésion, qui peut être variable.

Pour autant, les versements effectués à un syndicat représentant la profession dans laquelle l’entreprise exerce son activité sont déductibles des résultats imposables, même s’ils ne présentent pas un caractère obligatoire.

En effet, comme le rappelle entreprendre.service.public.fr, pour être déductibles du résultat imposable d’une entreprise ou du revenu du professionnel, les charges doivent répondre à l’ensemble des conditions suivantes :

  • Être engagées dans l’intérêt direct de l’exploitation, en lien avec l’objet social de l’entreprise et dans l’objectif de développer son chiffre d’affaires. Les dépenses d’ordre personnel sont donc exclues.
  • Se rattacher à une gestion normale de l’entreprise (c’est-à-dire ne pas être excessives, ni fictives)
  • Être comptabilisées en charge au cours de l’exercice auquel elles se rapportent
  • Ne pas être la contrepartie d’une immobilisation
  • Être payées et s’appuyer sur des pièces justificatives, notamment des factures
  • Ne pas être exclues du résultat fiscal par un texte de loi (dépenses somptuaires qui doivent être réintégrées extra-comptablement, par exemple)

C’est le cas des « Cotisations versées à des ordres ou syndicats professionnels ».

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