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Electromécanicien de formation, ancien animateur socioculturel, et chauffeur de taxi depuis 1988, Hocine Yousfi a à cœur de défendre, représenter, promouvoir et transmettre son amour pour le métier de taxi et, plus largement, celui de l’artisanat. Entretien.

Pourriez-vous présenter votre parcours

J’ai débuté en 1983 comme animateur socioculturel pour les enfants et les jeunes.

Au bout de cinq ans, j’ai eu l’impression que je n’apportais plus rien. Pendant les vacances d’été 1988, afin de gagner un peu d’argent, j’ai décidé de passer l’examen de taxi pour travailler avec l’un de mes cousins qui était lui-même taxi.

J’ai découvert ce métier, ses clients, et j’avoue que je me suis éclaté : j’ai retrouvé le même attrait que lorsque j’ai débuté comme animateur … j’ai adoré ! A tel point qu’à la rentrée, j’ai repris mon rôle d’animateur tout en continuant à exercer le métier de taxi. Et au bout de quatre mois, j’ai abandonné le centre de loisirs.

J’ai débuté comme chauffeur salarié, puis locataire, et au bout de cinq ans, j’ai acheté ma licence à crédit. A la même époque [1993], j’ai adhéré à un syndicat de taxi, la Chambre Syndicale des Artisans Taxis, que j’ai quitté en 2013 pour rejoindre l’Union Nationale des Taxis.

J’ai toujours été présent et volontaire au sein de la chambre syndicale et au fil des années, on m’a proposé un poste d’administrateur afin « d’apporter du sang nouveau » (dixit). J’ai donc intégré le Conseil d’administration où j’ai essayé de trouver ma place.

Je me souviens que lors d’un conseil, on nous a parlé de formation et mon désir de transmettre est revenu au galop.

ETHY FORMATION HOCINE YOUSFI

En 2005, j’ai donc décidé de passer la formation de formateur et j’ai intégré le Centre National de Formation des Taxis : moi qui étais nul à l’école, je me suis retrouvé à former d’autres personnes. Quelle fierté !

Depuis, je continue de former mes collègues (actuels et futurs) en essayant d’apporter un petit plus à la formation par rapport aux autres, notamment en intégrant l’histoire des rues de Paris, des monuments : par exemple, qui était Monsieur Barbès ou Monsieur Pigalle, qui a construit l’Opéra Garnier et qui était Monsieur Garnier, etc.

En allant de recherches en recherches, j’ai pris beaucoup de plaisir à enseigner et à transmettre.

Hocine Yousfi - Taxi

Et cette transmission ne s’arrête pas à la formation : j’adore l’idée de pouvoir apporter de la joie à mes clients dans le taxi et souvent, je leur propose des quizz sur les rues de Paris ou les monuments, sur la musique et quand il y a des enfants, je mets mon nez de clown et fais des tours de magie.

C’est un mixe de mes différents métiers : animateur, taxi et formateur.

Parallèlement, j’ai continué à m’investir au sein du syndicat et à représenter l’artisanat : j’ai été élu au conseil d’administration du RSI (Régime Social des Indépendants), à la Mutuelle Bleue et la Mutuelle des Artisans Taxis, à l’Assurance Maladie, et depuis 2016, à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat.

Comment considérez-vous votre rôle au sein de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat ?

Tout d’abord, je représente mes collègues artisans au sein de la Chambre de métiers et de l’artisanat : je remonte les problèmes qu’ils rencontrent, leurs inquiétudes et leurs attentes. Et j’essaye de participer pleinement aux actions de la Chambre et de donner de mon temps pour les manifestations et évènements.

Ensuite, mon rôle est d’expliquer à mes collègues les missions de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat car ils sont encore trop nombreux à ne pas savoir « pourquoi ils payent 140 euros« . Beaucoup ne sont pas informés qu’ils ont la possibilité de faire des formations, qu’ils peuvent bénéficier de services, d’accompagnement ou d’aides.

Par exemple, l’année dernière, beaucoup d’artisans se sont fait arnaquer avec le Compte Personnel de Formation : ils ont reçu des appels leur indiquant qu’ils pouvaient avoir des « formations d’anglais gratuites« , ont fourni leurs codes et identifiants en pensant que cela leur permettait de s’inscrire, pour au final se faire vider leur compte CPF et recevoir des documents de formation… !

Nombreux ne savaient pas que la Chambre de Métiers et de l’Artisanat pouvaient leur proposer de vraies formations, en présentiel.

Pire, certains ne se considèrent même pas comme « chef d’entreprise » : quand je le leur rappelle, ils me répondent « je ne suis pas patron, je suis pauvre ! » Pourtant, ils sont riches de leur métier, peuvent faire un emprunt pour acheter leur matériel, leur véhicule, obtenir des cautions, des aides … Combien aujourd’hui ont cette possibilité.

Je pense que c’est le rôle des organisations professionnelles et des membres des Chambres de Métiers et de l’Artisanat d’apporter ces conseils et services.

Les élections consulaires ont lieu en fin d’année, des conseils pour vos colistiers ?

Tout d’abord, il est important de rencontrer nos collègues pour les préparer à voter par voie électronique. Il faut également leur expliquer le rôle des chambres de métiers et de l’artisanat, leurs missions et les services qu’elles proposent.

Il est important aussi de leur présenter l’U2P, son action sur le terrain, notre positionnement pour les entreprises de proximité et les artisans.

Nous sommes fort de notre représentation des différents métiers de l’artisanat, et c’est une force que nous devons mettre au service de nos collègues artisans : Faire entendre « La Voix des Artisans« .

Hocine Yousfi est conducteur de taxi depuis 1988, artisan depuis 1993 et maître artisan depuis 2011. Formateur depuis 2005, il préside sa propre école de formation depuis 2013.

Administrateur au sein d’organisations professionnelles artisanales, et depuis 2014 au sein de l’Union Nationale des Taxis Parisiens – UNTP membre de la CNAMS Île-de-France, il a été mandaté pour représenter l’artisanat au sein du Régime Social des Indépendants (2013) puis de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (2018) et a été élu au sein de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Seine-Saint-Denis depuis 2016.

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